l’affaire arrivera encore entière au préteur M. Metellus. Si je m’étais défié de ce magistrat, je ne l’aurais pas conservé pour juge ; aujourd’hui j’aime mieux le voir siéger dans cette cause comme juge que comme préteur ; j’aime mieux lui confier, après son serment, sa propre tablette que celle des autres, sans avoir son serment pour gage(69).
XI. Maintenant, juges, c’est vous que je consulte : que dois-je faire, à votre avis ? car le conseil que vous me donnerez tacitement, je ne doute pas que la nécessité ne me force à l’adopter. Si je profite pour parler du temps que m’accorde la loi, mes travaux, mes soins, mon zèle, ne resteront pas pour moi sans récompense ; et mon accusation prouvera que, de mémoire d’homme, nul ne s’est présenté devant un tribunal mieux préparé, plus attentif, ni possédant mieux sa cause. Mais, en m’occupant ainsi de ma gloire, je cours grand risque que l’accusé ne m’échappe. Quel est donc le meilleur parti à prendre ? Il n’est pas, je crois, difficile de le découvrir. Cette gloire, que pourrait me procurer une plaidoirie complète et suivie, réservons-en les avantages pour un autre temps ; n’attaquons maintenant le coupable qu’avec des registres, des témoins, des mémoires, et des actes publics et privés. Entre vous et moi le combat, Hortensius ; je le dis ouvertement. Si je pensais que vous veniez lutter contre moi par votre éloquence et par une habile réfutation de mes moyens, je consacrerais tous mes soins à développer mon accusation et les griefs que j’impute à Verrès : mais, puisque votre intention est de me combattre, non d’après votre caractère, mais d’après le besoin de la cause et le danger de votre client, il faut bien trouver quelque moyen à opposer à une pareille tactique. Votre but est de commencer votre plaidoyer après les deux fêtes(70) ; le