Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.7.djvu/417

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besoin de m’étendre sur un délit dont la preuve se trouve dans la bouche de ceux qui l’attestent ? Pourquoi discuter des faits que personne ne révoque en doute ? Qui jamais a douté que Verrès ait vendu en Sicile la justice, lui qu’on a vu, dans Rome, mettre à l’enchère ses édits et ses décrets ? Comment n’aurait-il pas reçu de l’argent des Siciliens pour prononcer ses arrêts, lui qui en exigea de M. Octavius Ligur pour lui rendre justice ? Est-il en effet quelque moyen connu d’extorquer de l’argent qu’il ait négligé, quelque expédient encore ignoré qu’il n’ait su inventer ? Est-il enfin dans les cités de la Sicile une seule distinction qui puisse être briguée ? est-il un honneur, une autorité ou une commission, dont vous n’ayez, Verrès, su tirer profit ; que vous n’ayez vendue au plus offrant ?

XLIX. Vous avez entendu, dans la première action, les dépositions des particuliers et des villes. Les députations de Centorbe, d’Halèse, de Catane, de Panorme et de beaucoup d’autres cités se sont expliquées devant vous, ainsi qu’un très-grand nombre d’individus. Leur témoignage vous a fait connaître que, pendant trois ans, il n’y a pas eu dans toute la Sicile un seul sénateur nommé gratuitement ; pas un seul ne l’a été par les suffrages, ainsi que le prescrivent leurs lois ; pas un seul autrement que d’après l’ordre de Verrès, donné de vive voix ou par écrit ; et dans l’élection de tous ces sénateurs, non-seulement les suffrages n’ont pas été recueillis, mais on n’a eu égard ni à la naissance, ni à la fortune, ni à l’âge exigé pour entrer dans cet ordre ; en un mot, tous les droits des Siciliens ont été comptés pour rien. Quiconque voulait être sénateur, fût-il encore enfant,