ingénieux, fécond en expédiens : Fort bien, dit-il, je vois dans la loi : Autant qu’il y aura de candidats proclamés. Combien donc en a-t-on proclamé ? —Trois, lui répondit-on. — Faut-il qu’il n’y ait que trois noms écrits dans l’urne, et qu’il n’en sorte qu’un ? — Rien autre chose. — . Il n’y a qu’à jeter dans l’urne trois bulletins, portant tous le nom de Théomnaste. Des réclamations s’élèvent de toutes parts. On est indigné, on crie à l’impiété ; et c’est ainsi que l’auguste dignité de prêtre de Jupiter est dévolue à Théomnaste.
LII. À Céphalède, le mois est fixé où doit se faire l’élection du grand-prêtre. Cet honneur était vivement désiré par un certain Artémon, surnommé Climachias, homme puissamment riche et tenant le premier rang dans la ville. Cependant le succès lui était impossible, si un autre citoyen, nommé Hérodote, se présentait aux suffrages. Cette place et cet honneur semblaient si bien appartenir à celui-ci pour cette année, qu’Artémon lui-même en convenait. L’affaire est portée à Verrès, qui la décide suivant sa manière. Des ciselures, fort renommées et d’un très-grand prix, sont enlevées de la maison d’Artémon. Hérodote était à Rome ; il croyait qu’il lui suffisait d’arriver pour les comices la veille de l’élection. Verrès, afin qu’elle n’eût pas lieu dans un autre mois que celui que prescrivait la loi, et qu’Hérodote ne se vît pas enlever en sa présence un honneur qui lui était dû (considération qui embarrassait peu le préteur, mais à laquelle Climachias attachait beaucoup d’importance) ; Verrès imagina donc (je vous l’ai dit bien des fois, jamais homme ne fut plus ingénieux) ; il imagina, dis-je, un excellent moyen pour que l’assemblée se tînt dans