édits, il le vendait avec toute l’adresse et la subtilité imaginables. Mais il n’était pas seulement le ministre des passions de son maître, il n’avait garde de s’oublier lui-même. Non-seulement quand il tombait quelques écus de la main du préteur, il les ramassait, et, grâce à cette attention, il s’est fait une brillante fortune ; mais il recueillait jusqu’aux restes des plaisirs et des débauches de Verrès. Ainsi détrompez-vous, juges, si vous avez cru jusqu’ici qu’Athénion (90) avait régné en Sicile. Jamais il n’y a pris aucune ville. C’est Timarchide qui a été roi dans cette province ; pendant trois ans, toutes les villes ont été soumises à cet esclave échappé. Son pouvoir s’est étendu sur les plus anciens alliés du peuple romain, sur les enfans de nos plus fidèles amis, sur toutes leurs mères de famille, sur tous leurs biens, tout leur avoir. Et, pour revenir aux censeurs, c’est Timarchide qui les donnait aux villes siciliennes après s’être fait payer ; car, tant que Verrès fut préteur, les comices, qui devaient nommer les censeurs, ne furent pas même une seule fois convoqués pour la forme.
LV. Mais voici le comble de l’impudence. Chaque censeur reçut ordre publiquement (car les lois y autorisaient) de contribuer pour trois cents deniers (91) à la statue du préteur. Cent trente censeurs ont été nommés par vous. Outre l’argent qu’ils avaient donné secrètement pour obtenir leur place, cette contribution publique vous a rapporté trente-neuf mille deniers (92). D’abord pourquoi avoir fixé une taxe si considérable ? Ensuite à quel titre les censeurs contribuèrent-ils pour cette statue ? Forment-ils un ordre, un collège, une classe particulière ? Ces sortes d’honneurs ne sont jamais décernés publiquement que. par des cités ou par des corporations, telles que celles des