laboureurs, des négocians, des marins. Mais pourquoi les censeurs plus que les édiles ? C’est donc pour quelque bienfait reçu de vous ? Vous avez donc sollicité un acte de reconnaissance ? Il faut bien que vous en conveniez, car vous n’oserez pas dire que ce fut le résultat d’un marché. La nomination de ces magistrats a donc été de votre part une pure faveur, et l’intérêt de la république n’y est entré pour rien. D’après cet aveu, qui doutera que si vous avez bravé le mécontentement et les plaintes de votre province, vous ne l’ayez fait non pour vous assurer des partisans ou pour rendre service, mais uniquement pour extorquer de l’argent ? Aussi que firent ces censeurs ? Ce que font nos magistrats quand ils sont parvenus aux charges à force de largesses. En gérant leur censure, ils travaillèrent à combler le vide que vous aviez fait dans leur fortune. Telle a été, sous votre préture, l’estimation des biens, que nul état ne pourrait être gouverné d’après une telle estimation. Les taxes de tout ce qu’il y avait de riche furent diminuées, et celles des pauvres augmentées. Il en résulta que tout le poids des impôts retomba sur le peuple. Quand même leurs victimes garderaient le silence, il suffirait de jeter un coup d’œil sur les rôles pour les réprouver ; ce fait en est la preuve.
LVI. L. Metellus, qui, à mon arrivée en Sicile pour faire les informations, est devenu tout à coup l’intime ami de Letilius (93) et son parent, est pourtant le même qui, voyant que le rôle des contribuables, dressé par les ordres de son prédécesseur, ne pouvait aucunement être maintenu, ordonna de suivre celui qui avait été fait durant la préture de Sextus Peducéus, homme plein d’honneur et de la plus sévère équité. Alors les censeurs avaient été nommés conformément aux lois et choisis par leurs villes ;