enfin, qu’il ne faut pas en exiger des peuples malgré eux.
LIX. Et d’abord, quant au détournement des fonds, répondez-moi, je vous prie : lorsqu’il fallait vous ériger des statues, que faisaient les cités ? Convenaient-elles du prix avec un entrepreneur, au meilleur marché possible ? Nommaient-elles un commissaire pour cet objet ? ou bien était-ce à vous-même, ou à quelqu’un de vos préposés qu’elles comptaient l’argent ? Si les statues étaient érigées sous la direction de ceux qui vous décernaient cet honneur, je n’ai plus rien à dire. Mais si c’était à Timarchide qu’ils en remettaient l’argent, cessez, je vous prie, lorsqu’on vous surprend en vol manifeste, de feindre d’être jaloux de gloire et de monumens.
Mais encore le nombre des statues ne doit-il pas être limité ? En effet, il ne saurait s’élever jusqu’à l’abus. Prenez, juges, pour exemple Syracuse ; je cite cette ville de préférence. Elle lui avait accordé une statue : c’était un tribut honorable. Mais à son père ! c’était de la part de Verrès une affectation purement intéressée de piété filiale. Et à son fils ! ils l’avaient fait sans répugnance ; c’était un enfant, ils ne pouvaient le haïr. Mais n’en était-ce pas assez ? A quels titres extorquerez-vous encore des statues aux Syracusains ? Vous en avez extorqué d’eux pour le forum, vous en avez exigé d’eux pour le sénat ; vous les avez fait contribuer aux frais de celles qui devaient être érigées dans Rome : vous avez voulu que les mêmes hommes fussent imposés pour cet objet comme fermiers du domaine, et ils ont contribué ; puis, qu’ils fournissent aussi leur contingent de l’imposition générale levée sur la province, et ils l’ont encore payée.