en face de l’image de Sérapis (106), à l’entrée et sous le vestibule même du temple. Si Metellus n’avait usé de tout son pouvoir, s’il n’eût pas réprimé par la force militaire et par un édit ce mouvement de la population, toutes les statues de son prédécesseur auraient disparu dans toute la Sicile sans qu’il en restât la moindre trace. Je ne crains pas que l’on me reproche d’avoir contribué à ce mouvement de la population ; tout ce que je viens de dire s’était passé avant mon arrivée dans la province, et même avant que Verrès fût de retour en Italie. Il n’y a pas eu une statue renversée pendant mon séjour en Sicile. Ce n’est qu’après mon départ que se sont passés les faits que je vais vous rapporter.
LXVII. Le sénat de Centorbe décréta, et le peuple ordonna que les questeurs feraient marché avec un entrepreneur pour abattre tout ce que Verrès et son père et son fils avaient de statues dans la ville. La démolition devait avoir lieu en présence de trente sénateurs au moins. Remarquez, juges, la sagesse et la dignité de cette ville : non-seulement elle ne voulut point laisser dans son enceinte des statues qu’elle avait élevées contre son gré, en cédant à la force et à l’autorité ; mais, comme ces images étaient celles d’un homme qu’elle avait dénoncé officiellement par des témoignages authentiques et par une députation jusqu’alors sans exemple, elle pensa qu’il serait plus honorable pour elle que cette exécution fût le résultat de la volonté générale, et non point des violences de la multitude. À peine, conformément à ce décret, les habitans de Centorbe avaient-ils fait disparaître les statues, que Metellus en est instruit ; il s’en indigne, il mande le magistrat de Centorbe et les dix principaux citoyens, et les menace des peines les plus sévères si les statues ne sont rétablies. Ceux-ci font leur rapport au sénat. Les