les alliés se plaignent d’avoir été traités par vous comme s’ils s’étaient mis en guerre avec la république. — Les laboureurs sont mes ennemis, à cause de la dîme ? — Mais ceux qui cultivent les terres franches, pourquoi vous haïssent-ils ? Pourquoi les habitans d’Halèse, pourquoi ceux de Centorbe, de Ségeste, d’Halicye, sont-ils dans les mêmes sentimens ? Parmi les citoyens romains ou les Siciliens, quel état, quelle classe, quel ordre pourriez-vous citer qui ne vous haïsse ? Quand je ne pourrais dire pourquoi vous leur êtes si odieux, n’aurais-je pas raison de dire, juges, que, puisque Verrès est haï de tout le monde, il mérite aussi l’animadversion de ses juges ? Oserez-vous prétendre que l’opinion des laboureurs et des Siciliens, quelle qu’elle soit, n’est ici d’aucun poids ? Non, vous ne l’oserez pas ; et quand vous le voudriez, vous ne le pourriez point, car vous avez perdu le droit de mépriser l’estime des Siciliens et des laboureurs (107), grâce à ces statues équestres qu’un peu avant votre retour à Rome, vous avez fait ériger et charger d’inscriptions, pour ralentir l’acharnement de vos ennemis et de vos accusateurs. Qui en effet pourrait vous attaquer, qui oserait vous traduire devant les tribunaux, en voyant tant d’hommages décernés par les négocians, par les laboureurs, par les communes réunies de la Sicile ? Est-il dans cette province quelque autre classe d’hommes ? Aucune. C’est donc la province entière, c’est toute la population considérée dans sa masse et dans ses individus, qui non-seulement chérit Verres, mais le révère. Qui serait assez hardi pour s’en prendre à lui ? Conclurez-vous qu’aucun préjudice ne peut résulter pour vous des dépositions de tous les laboureurs, de tous les négocians, de tous les Siciliens, parce qu’en faisant inscrire leurs noms au bas de vos statues, vous
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