Carpinatius, avant de se livrer à cette liaison, avait, dans ses lettres à ses associés, dénoncé plusieurs fois les injustices du préteur. Canuleius, chargé de la perception de Syracuse, leur avait écrit de son côté pour leur signaler une foule d’objets volés par Verrès, qui avaient été exportés de Syracuse sans acquitter les droits à la douane : car la même compagnie avait affermé la douane et les terres du domaine. Ainsi, j’aurais pu tirer de leur correspondance bien des griefs contre l’accusé ; et rien ne nous serait plus facile que d’en fournir la preuve. Mais depuis, Carpinatius, devenu l’intime ami du préteur, et s’étant lié avec lui par des intérêts communs, se mit à écrire tout à coup à ses associés lettres sur lettres au sujet des services signalés et même des bienfaits dont il comblait la compagnie. Celui-ci en effet ne manquait pas de faire et de prononcer tout ce que demandait Carpinatius ; et, de son côté, Carpinatius ne cessait d’écrire à ses associés de manière à détruire entièrement, s’il était possible, le souvenir et l’impression de ses premières lettres. Enfin, quand Verrès fut au moment de son départ, son fidèle ami écrivit à la compagnie de venir à sa rencontre en nombreux cortège le remercier, et lui témoigner le plus vif empressement à faire tout ce qu’il lui plairait d’ordonner. Les associés firent cette démarche pour ne point s’écarter de l’ancien usage observé par les publicains, mais non parce qu’ils jugeaient Verrès digne de quelque marque d’estime ! Ils croyaient, d’ailleurs, qu’il était de leur intérêt de se montrer reconnaissans. Ils le remercièrent donc, et lui dirent que Carpinatius, dans ses lettres, leur avait souvent parlé des bons offices du préteur.
LXXI. Verrès leur répondit que c’était avec plaisir qu’il les avait obligés ; il donna beaucoup d’éloges aux opérations