est ; enfin pourquoi l’esclave chargé de la rédaction des registres (115) a toujours raturé le nom de Verrutius précisément au même endroit. En lui faisant toutes ces questions, j’avais moins pour objet de lui arracher une réponse malgré lui, que de mettre en évidence les vols du préteur, l’infamie de son complice, et l’impudence de l’un et de l’autre. Je laissai donc ce misérable devant la justice, muet de crainte, confondu par le témoignage de sa conscience, enfin à demi-mort ; et, sans sortir de la place publique, je me mis à transcrire les registres devant une multitude innombrable de témoins. Je fus secondé dans ce travail par les citoyens romains les plus distingués de la province. Les lettres et les ratures furent fidèlement reproduites et reportées des registres sur la copie. Le tout fut revisé, çpllatioimé, et scellé par des hommes d’une probité irréprochable. Puisque Carpinatius n’a point voulu me répondre, répondez-moi, vous, Verrès ; oui, répondez-moi, quel est, à votre avis, ce Verrutius, dont le nom se rapproche tant de celui de votre famille ? Il est impossible qu’un homme qui a demeuré, comme je le vois, en Sicile, pendant votre préture, et que je présume fort riche, d’après les comptes ouverts avec Carpinatius, soit resté dans votre province sans être connu de vous. Mais, pour abréger et pour dissiper tous les doutes, approchez-vous, greffiers, ouvrez ce recueil, montrez la copie des registres, afin que tout le monde puisse non seulement apprécier son avarice, non par des traces fugitives, mais par les marques profondes qu’il en a laissées dans sa bauge.
LXXVIII. Voyez-vous, juges, ce nom de Verrutius, le voyez-vous ? Les premières lettres sont intactes. Voyez-vous les dernières ensevelies sous les ratures, comme