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Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.7.djvu/53

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murmure d’assentiment ; mais, quand il ajouta que « les provinces étaient dévastées et opprimées, les tribunaux flétris, les juges sans pudeur ; qu’il voulait veiller à ces abus et y mettre ordre, » alors ce ne fut pas par un simple murmure, mais par des acclamations unanimes que le peuple romain témoigna sa volonté.

XVI. Maintenant tous les regards sont fixés sur vous. Chacun observe à quel point chacun de vous se montrera fidèle à son serment, et zélé pour le maintien des lois. On voit que depuis le rétablissement de la puissance tribunitienne, il n’a été condamné qu’un seul sénateur, encore était-il pauvre(93). On ne vous en blâme point positivement, mais on ne croit pas qu’on doive vous en louer beaucoup ; car il n’y a aucun mérite à demeurer intègres lorsque personne ne peut ni ne veut vous corrompre. Mais, ici, vous allez juger l’accusé, et vous serez jugés vous-même par le peuple romain. En prononçant sur son sort, vous ferez connaître si l’homme le plus coupable, du moment qu’il est très-riche, peut être condamné dans un tribunal composé de sénateurs. Ensuite l’accusé est tel qu’on ne voit en lui que des crimes énormes et d’immenses trésors ; de sorte que, s’il est absous, vous ne pouvez encourir que le plus odieux de tous les soupçons. On ne croira point que l’amitié, les liens du sang, une bonne conduite dans d’autres occasions, ni même enfin quelques basses complaisances(94), aient pu vous avoir fait illusion sur tant d’horribles excès. De mon côté, juges, je traiterai la cause de telle manière, je dévoilerai des faits si notoires, si bien attestés, si graves, si manifestes, que personne n’osera employer son crédit pour obtenir de vous l’absolution du coupable. J’ai d’ailleurs un moyen infaillible, une voie sûre pour suivre pas à pas et pour