Je crois donc venir en ce moment au secours d’une partie du corps de l’état bien importante, mais en même temps bien faible et bien malade(4) ; et en cela mon zèle s’occupe moins de ma gloire personnelle que de la vôtre, juges. Oui, c’est pour que les tribunaux cessent d’être odieux, et pour qu’ils n’entendent plus les reproches qu’on leur adresse, que je me suis présenté devant vous. J’ai voulu que cette cause fût jugée ainsi que le désire le peuple romain, et que l’on pût dire que mon activité aura peut-être contribué en quelque chose à faire recouvrer aux tribunaux leur première autorité ; j’ai voulu enfin que, de quelque manière que cette affaire fût décidée, tous nos débats sur l’administration de la justice eussent enfin un terme. Car, on n’en peut douter, juges, cette cause va terminer cette grande controverse. L’accusé est le plus coupable des hommes : si vous le condamnez, tout le monde cessera de dire qu’avec la composition actuelle des tribunaux l’argent fait tout ; s’il est absous, nous cesserons aussi de nous opposer à une organisation nouvelle. Mais sera-t-il absous ? Lui-même ne l’espère plus, et le peuple romain ne le craint pas. Il est vrai qu’il a l’impudence de paraître et de répliquer ; quelques personnes en sont étonnées ; pour moi, qui connais d’ailleurs son audace et son extravagance, je n’y trouve rien de surprenant ; car il a commis tant de crimes, tant de sacrilèges envers les dieux et les hommes, que les furies attentives à punir les scélérats le tourmentent, l’aveuglent et lui ôtent la raison.
III. Oui, je le vois poursuivi par les mânes de tant de citoyens romains qu’il a fait tomber sous la hache, ou assassiner dans les prisons, ou même attacher à la croix(5), alors qu’ils invoquaient les droits de l’homme libre et du citoyen. Le voyez-vous traîné au sup-