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Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.7.djvu/99

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buables pour recevoir d’eux le prix de cette faveur ; il s’en trouvera peut-être qui verront un péculat digne du châtiment le plus sévère, dans la spoliation des monuments de M. Marcellus et de P. Scipion l’Africain(12). Ces monumens portaient, il est vrai, le nom de ces grands hommes ; mais ils étaient réellement, de l’aveu de tous, la propriété du peuple romain ; et Verrès n’a pas craint de les ravir aux temples les plus saints, et aux villes de nos alliés et de nos amis.

V. Et s’il échappe à la peine prononcée contre le péculat, comment se justifiera-t-il d’avoir mis en liberté des chefs ennemis, après en avoir reçu de l’argent ? Qu’il y songe ; qu’il prépare ses réponses au sujet de ces hommes qu’en leur place il a détenus dans sa maison(13) ; qu’il cherche quelque moyen de parer le coup que lui ont porté, je ne dis pas mes allégations, mais ses propres aveux ; qu’il se souvienne qu’à la première audience, réveillé de son apathie par le cri d’horreur et d’indignation du peuple romain, il confessa que ce n’étaient pas les chefs de pirates qu’il avait fait décapiter, et que, dès de ce moment, il eut à craindre qu’on ne l’accusât de les avoir relâchés pour de l’argent. Qu’il avoue, et comment pourrait-il le nier ? que depuis qu’il est rentré dans la vie privée, il a gardé chez lui des chefs de pirates pleins de force et de santé, et cela depuis son retour à Rome, jusqu’au moment où j’y ai mis bon ordre(14). Si le tribunal, chargé de poursuivre les crimes de lèse-majesté, reconnaît qu’il n’a point agi contre la loi, je conviendrai qu’il a bien fait. Et si sur ce chef il parvient à se justifier, j’irai me placer au poste où depuis longtemps m’appelle le peuple romain. C’est lui qui venge la liberté et les droits des citoyens(15) ; c’est à lui qu’il pense que la connaissance de ces délits appartient, et il a raison de le