Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/103

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en vertu de l’édit. Quoi ! lors même qu’il demandait plus qu’on n’avait récolté ? — Sans doute. — Comment ? — Les magistrats, aux termes de l’édit de Verrès, devaient l’exiger. — Mais le laboureur pouvait du moins réclamer ? — Nul doute. Mais devant Artémidore. — Et si le laboureur ne livrait pas tout ce qu’avait demandé Apronius ? — Le laboureur était condamné à payer le quadruple. — Dans quelle classe étaient choisis les juges ? — Dans la cohorte du préteur, composée, comme on le sait, de très-honnêtes gens.—Est-ce tout ? — Non, je dis que vous avez déclaré moins d’arpens que vous n’en avez mis en valeur. Faites vos récusations parmi les commissaires ; vous avez enfreint l’édit. — Et où les prendra-t-on ? — Toujours dans la cohorte du préteur. — Comment tout cela se terminera-t-il ? —Si vous êtes condamné (et la condamnation pourrait-elle être douteuse avec de pareils commissaires ? ), vous expirerez inévitablement sous les verges. D’après ces lois, d’après ces conditions, est-il un homme assez dépourvu de sens pour croire que le bail de la dîme ait été réellement adjugé ; pour supposer que le préteur ait laissé aux cultivateurs la jouissance des neuf autres dixièmes ? Qui n’aperçoit pas qu’il a fait son profit et sa proie des récoltes, des revenus et des propriétés des laboureurs.

XXX. Les députés d’Agyrone, redoutant le supplice des verges, promirent de faire tout ce qui leur serait ordonné. Écoutez maintenant ce qu’ordonne Verrès, et, si vous le pouvez, faites semblant de ne pas voir, dans ce préteur, ce que toute la Sicile y a vu clairement, c’est-à-dire le fermier en chef de la dîme, et par conséquent le maître et le roi des laboureurs. Il commande aux habitans d’Agyrone de reprendre le bail pour le compte de leur commune, et de donner une subvention à Apro-