tation de leur revenu. Puisque donc la ville et la députation de Leontium m’ont manqué pour la raison que j’ai dite, il me faut bien chercher moi-même le moyen de découvrir la voie pour remonter à l’origine des profits d’Apronius, ou plutôt du riche et immense butin du préteur. La dîme du canton de Leontium a été adjugée, la troisième année, pour trente-six mille médimnes de froment, c’est-à-dire douze cent seize mille boisseaux. C’est beaucoup, juges, c’est beaucoup ; je suis obligé d’en convenir. Le décimateur y a nécessairement perdu, ou du moins il y a bien peu gagné ; et tel est le sort de tous ceux qui prennent un bail à trop haut prix. Mais quoi! si je prouve que cette seule affaire a rapporté de bénéfice cent mille boisseaux, et même deux cent mille, et même trois cent mille, et même quatre cent mille, douterez-vous encore pour qui cette riche proie a été exigée ? Peut-être me trouvera-t-on injuste de préjuger le vol et le butin par la grandeur du bénéfice. Et si je vous démontre, juges, que ceux-là même qui ont gagné quatre cent mille boisseaux sur leur bail auraient éprouvé des pertes, si votre iniquité, Verrès, et les commissaires tirés de votre cohorte, n’étaient venus à leur secours, qui, en voyant de tels bénéfices et une prévarication si scandaleuse, pourra douter que, si votre cupidité ne vous avait porté à faire ces énormes profits, l’immensité de ces bénéfices aurait éveillé chez vous cette cupidité ?
XLVII Mais, juges, comment parviendrai-je à savoir jusqu’où est monté le bénéfice ? Ce ne serait point par les registres d’Apronius ; je les ai cherchés sans pouvoir les trouver, et, quand je l’ai cité lui-même en justice, je l’ai forcé à déclarer qu’il ne tenait point de registres. S’il