Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/157

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faut ajouter, ce qui est encore une exaction d’assez mauvais exemple, quatre-vingt-dix mille sesterces (42). Et osera-t-il encore dire qu’il a vendu fort cher les dîmes, lorsque sur un seul territoire il n’a pas envoyé au peuple romain la moitié autant de blé qu’il en a pris pour son compte ? Vous avez vendu la dîme de Leontium deux cent seize mille boisseaux. Si c’est suivant la loi, c’est beaucoup ; mais si vous n’avez eu d’autre loi que votre cupidité, c’est bien peu. Oui, si c’était la moitié que vous appeliez le dixième, c’était bien peu, je le répète. La récolte annuelle de la Sicile aurait pu être vendue beaucoup plus cher si le sénat et le peuple romain avaient donné l’ordre de l’adjuger ; car plus d’une fois les dîmes ont été vendues aussi cher, quand on les affermait d’après la loi d’Hiéron, que lorsqu’elles l’ont été d’après la loi de Verrès. Lisez-moi le bail de la dîme passé sous C. Norbanus (43) : Bail des dîmes de Leontium passé sous C. Norbanus. Et cependant on ne chicanait point alors les laboureurs sur le nombre des arpens en valeur. Alors un Cornélius Artémidore n’était point commissaire ; alors un magistrat sicilien ne forçait point le laboureur de payer ce que réclamait le décimateur ; alors on ne demandait point comme une grâce au décimateur qu’il voulût bien qu’on transigeât avec lui pour trois médimnes par arpent ; enfin le laboureur n’était point contraint de donner un surcroît en argent et d’ajouter trois cinquantièmes de blé. Et cependant le peuple romain n’en recevait pas moins d’immenses approvisionnemens en grains.

L. Mais que veulent dire ces cinquantièmes de blé et ces surcroîts en argent ? De quel droit les demandiez-vous ? ou plutôt comment vous y êtes-vous pris ? Le laboureur donnait de l’argent : comment ? et sur quel fonds ? S’il avait