Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/165

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des moyens d’exploitation très-limités et un très-petit nombre de charrues ; ils craignaient, en émigrant, de perdre les derniers débris de leur fortune. Mais ceux qui n’avaient plus rien à perdre ont, par le fait de Verrès, déserté non-seulement leurs campagnes, mais jusqu’à leurs villes. Ceux même qui étaient restés, et c’etait à peine la dixième partie des cultivateurs, auraient aussi abandonné leurs champs, si Metellus ne leur eût écrit de Rome qu’il adjugerait la dîme conformément à la loi d’Hiéron ; et s’il ne les eût engagés à ensemencer le plus de terres qu’ils pourraient, et à faire ce qu’ils avaient toujours fait dans leur propre intérêt et sans qu’il fût besoin de les en prier, lorsqu’ils savaient bien que c’était pour eux et pour le peuple romain, et non au profit de Verrès et d’Apronius, qu’ils semaient, qu’ils faisaient des avances, qu’ils travaillaient. Quand bien même, juges, le sort des Siciliens ne vous toucherait pas, quand vous seriez indifférens sur la manière dont les alliés du peuple romain sont traités par nos magistrats, soutenez, défendez au moins les intérêts communs du peuple romain. Ce sont nos agriculteurs qui ont été chassés, nos terres domaniales qui ont été dévastées et dépeuplées par Verrès ; c’est une de nos provinces qui a été ravagée et opprimée. Je le dis, et je le prouve par les registres des villes et par les dépositions particulières de leurs citoyens les plus distingués.

LIII. Que voulez-vous de plus ? Pensez-vous que L. Metellus, après avoir employé l’autorité et l’influence de sa place pour empêcher plusieurs témoins de déposer contre Verrès, veuille déposer lui-même, quoique absent, contre la scélératesse, le brigandage et l’audace de l’accusé ? Je ne le pense pas. Mais nul n’a pu mieux connaître Verrès que