Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/193

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par la crainte des verges et de la mort, et cela au profit non-seulement d’Apronius et de ses semblables, mais même des esclaves de Vénus ? S’il en est que les malheurs de nos alliés trouvent insensibles, qui voient sans émotion la dispersion des laboureurs, leurs calamités, leur exil et leurs morts violentes, non, je n’en doute pas, quand ils apprendront, par les rôles des cités et par la lettre de L. Metellus, que la Sicile est dévastée, que les campagnes sont désertes, ils demeureront convaincus qu’il est impossible que Verrès échappe aux peines les plus rigoureuses. Et qui pourrait encore dissimuler ou justifier tous ces faits ? J’ai mis sous les yeux du tribunal les ajournemens donnés en sa présence au sujet de son association pour la dîme, et sur lesquels il n’a pas voulu que l’on prononçât : quelle preuve plus évidente pourrait-on demander ? Je ne doute pas, juges, que vous ne soyez pleinement satisfaits. Cependant j’irai encore plus loin, non afin d’ajouter à votre conviction, qui, je m’en flatte, est assez complète, mais afin qu’il mette enfin un frein à son impudence, et qu’il cesse de croire qu’il peut acheter ce qui pour lui fut toujours vénal, la parole, le serment, la vérité, le devoir, la religion. Je veux aussi que ses amis cessent de répéter des propos qui ne peuvent que nous compromettre, nous avilir, nous attirer la haine et le mépris de tous. Et qui sont ces amis ? Oh ! qu’il est à plaindre l’ordre des sénateurs, et combien, par la faute et l’indignité de quelques membres, n’est-il pas en butte à la haine et au mépris ! Un Æmilius Alba (54), qui se tient à l’entrée du marché, ose dire publiquement que Verrès était sûr de triompher, qu’il avait acheté les juges, qu’il avait donné à celui-ci quatre cent mille sesterces, à celui-là cinq cent mille, que le plus