Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/199

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vous ne pouvez nier, à moins que vous ne soyez résolu à nier toute chose. Le fait s’est passé publiquement, au sein d’une nombreuse assemblée, à Syracuse. Il eut pour témoin toute la province, parce qu’il n’est pas d’endroit d’où l’on ne vienne à Syracuse pour l’adjudication des dîmes. Que vous conveniez du fait, ou qu’on vous en convainque, ne voyez-vous pas combien ce seul délit renferme de griefs accablans ? Il est prouvé d’abord que l’adjudication vous était personnelle, qu’elle était pour vous une proie assurée : autrement, pourquoi auriez-vous préféré voir Apronius, que chacun désignait comme chargé d’exploiter les dîmes pour votre compte, prendre plutôt que Minucius l’adjudication de celles du territoire de Leontium ? Il n’est pas moins clair qu’il a été fait des bénéfices immenses, incalculables : car, si trente mille boisseaux de bénéfice avaient pu vous tenter (56), Minucius les eût donnés volontiers à Apronius, pour peu qu’il eût voulu les accepter. Sur quel riche butin, dites-moi, ne comptait donc pas Verrès, pour qu’un bénéfice si considérable, déjà réalisé, et qu’il n’avait que la peine de prendre, fût l’objet de son mépris, de son dédain ? Ajoutons que Minucius lui-même n’aurait pas poussé si haut l’enchère, si vous aviez adjugé les dîmes d’après la loi d’Hiéron. Mais, dans vos nouveaux édits, dans vos injustes règlemens, il voyait le moyen de percevoir beaucoup plus que les dîmes ; et voilà comme il s’est avancé si loin. Mais, pour Apronius, vous lui avez toujours permis beaucoup plus que n’autorisaient déjà vos édits. Combien, juges, pensez-vous qu’ait dû gagner celui à qui tout était loisible, lorsque vous voyez proposer un bénéfice si considérable par celui qui n’aurait pas eu la même latitude, s’il eût été l’adjudicataire ? Arrivons enfin, Verrès, à votre dernier moyen