Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/229

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voqué en doute. Pour chaque médimne, je le vois consigné sur les registres d’Halèse, ses habitans vous ont payé quinze sesterces (65). Je prouverai par les livres des plus riches cultivateurs qu’à cette époque personne en Sicile n’a vendu son blé au dessus de ce prix.

xx LXXV. Quelle étrange règle de conduite, ou plutôt quelle extravagance ! Rejeter les grains récoltés dans le pays même où le sénat et le peuple romain ont voulu qu’on les achetât, pris au même tas dont vous-même aviez accepté une partie à titre de dîmes, et ensuite, pour acheter du blé, forcer les villes à donner de l’argent lorsque vous en aviez reçu du trésor ! La loi Terentia vous prescrivait-elle d’acheter du blé des Siciliens avec l’argent des Siciliens, ou bien avec l’argent du peuple romain ? Il est évident que tout l’argent que le trésor avait remis à l’accusé pour payer le blé fourni par les différentes villes, il se l’est approprié. En effet, Verrès, vous vous faites donner quinze sesterces par médimne : c’est ce que valait le blé à cette époque. Vous retenez dix-huit sesterces : c’est en Sicile le taux légal du blé estimé. Procéder de la sorte, n’est-ce pas absolument comme si vous n’eussiez point rejeté le blé, et qu’après l’avoir agréé et reçu, vous eussiez gardé tout l’argent du trésor sans en rien payer à aucune ville, lorsque le taux légal est tel que, dans tous les temps, les Siciliens ne s’en plaignent pas, et que sous votre préture ils devaient même s’en trouver satisfaits ? En effet, le taux légal du boisseau est de trois sesterces ; et, sous votre préture, le cours vénal, comme vous vous en êtes félicité dans plusieurs lettres adressées à vos amis, n’était que de deux sesterces. Mais je suppose qu’il