Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/23

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
SECONDE ACTION
CONTRE VERRÈS.

LIVRE TROISIÈME.
SUR LES BLÉS.
HUITIÈME DISCOURS.


I. Juges, tous ceux qui, sans être excités par la haine, ou blessés par une injure personnelle, ou séduits par l’appât du gain, traduisent un coupable devant les tribunaux pour le seul intérêt de la république, doivent prévoir non-seulement les obligations qu’ils s’imposent dans les circonstances présentes, mais celles qu’ils prennent l’engagement de remplir pour tout le reste de leur vie. C’est en effet se prescrire à soi-même la loi de pratiquer la justice, la modération et toutes les vertus, que de demander à autrui compte de ses actions, surtout si, comme je l’ai dit, on n’a d’autre motif que l’utilité publique. Quiconque entreprend de réformer les mœurs et de censurer la conduite des autres, peut-il s’attendre à l’indulgence, pour peu qu’il s’écarte des règles du devoir ? On ne saurait donc trop louer ni trop chérir le citoyen qui, non content de délivrer le corps politique d’un membre corrompu, ne prend pas seulement l’engagement d’agir avec ces intentions de droiture et de vertu qui