Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/241

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cette remise, si même ils en avaient eu la pensée. En effet, si le greffier exige pour lui cette déduction, pourquoi pas plutôt le muletier, qui a amené les fonds ; le messager, dont l’arrivée les annonce aux cultivateurs ? pourquoi pas le crieur, qui les prévient de venir toucher ? pourquoi pas l’homme de peine ou l’esclave de Vénus qui a porté les sacs ? De quelle coopération si utile le greffier s’est-il chargé dans cette affaire, pour qu’on lui accorde une si généreuse récompense, ou plutôt un prélèvement de fonds si considérable ? L’ordre des greffiers est honorable ; qui le nie ? Mais qu’est-ce que cela fait ici ? Cette classe est considérée en ce qu’elle est dépositaire des registres publics et des actes des magistrats (69). Demandez, juges, aux greffiers qui sentent la dignité de leur ordre, qui sont des chefs de famille pleins de probité et d’honneur, demandez-leur ce que signifient ces cinquantièmes. Dès-lors chacun de vous comprendra que c’est une exaction aussi nouvelle que révoltante. Voilà les greffiers qu’il faut me citer, j’y consens ; mais qu’on n’aille pas me ramasser des gens qui, ayant grossi peu à peu leur fortune avec les largesses des dissipateurs et les gratifications obtenues sur la scène, se flattent, depuis qu’ils ont acheté une décurie, d’avoir passé du premier rang des histrions siffles dans le second ordre des citoyens (70). Avec vous, Hortensius, je prendrai, pour juger ce grief, les greffiers qui rougissent d’avoir de pareils collègues. Au reste, si nous voyons tant de sujets si peu dignes dans un ordre qui est la récompense des services et de la vertu, devons-nous être surpris qu’il y ait quelques sujets infâmes dans une classe où tout le monde est admis pour son argent ?

xx LXXX. Ainsi, Verrès, sur les deniers du trésor,