Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/267

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(et l’assemblée était nombreuse) s’indignèrent surtout qu’à l’occasion d’un arrangement dans lequel la bonté du sénat s’était montrée si généreuse à l’égard des cultivateurs, en leur accordant une estimation large et libérale, un préteur se fût permis de les piller, de les ruiner ; et que même, pour commettre ces excès, il eût agi comme s’il avait eu pour lui la loi et l’autorité publique.

Que va répliquer Hortensius ? Que l’accusation est fausse ? Jamais il ne le dira. Que la somme ainsi extorquée n’est pas considérable ? Il ne le dira pas davantage. Qu’aucun tort n’a été fait aux Siciliens, ni aux laboureurs ? Qui pourrait le prétendre ? Que dira-t-il donc ? Que d’autres ont fait comme Verrès. Quelle est donc cette excuse ? Est-ce là justifier un accusé, ou lui chercher des compagnons d’exil ? Quoi ! dans l’état actuel de notre république, au milieu de ce déchaînement des passions des hommes, et de cette licence que semble autoriser l’état de nos tribunaux, c’est vous qui défendrez une action qu’on dénonce, qui la justifierez, non parce qu’elle est conforme au droit, à la justice, à la loi, non parce qu’il était convenable et loisible de la faire, mais parce qu’un autre l’a faite ! Combien d’autres délits n’ont pas été commis par d’autres magistrats ? N’est-ce que pour celui-là seul que vous employez ce moyen de défense ? Verrès, vous avez commis des crimes qui vous sont particuliers, on ne saurait les imputer à aucun autre ; ils ne conviennent qu’à vous : mais il en est qui vous sont communs avec beaucoup d’autres. Ainsi, sans parler de vos péculats, des sommes que vous avez exigées pour autoriser à procéder en justice, et de maintes iniquités pareilles, dont bien d’autres sans doute se sont rendus coupables, je m’arrête au délit dont je vous ai accusé avec le plus d’in-