Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/27

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toujours éviter par la suite tout soupçon de cupidité. Est-ce un homme malfaisant ou cruel ? gardez-vous d’aucune action qui vous fasse regarder comme un être dur et inhumain. Est-ce un corrupteur, un adultère ? vous vous attacherez à ne laisser apercevoir dans votre vie aucune trace de libertinage. Tout vice en un mot que vous aurez poursuivi dans un autre, vous ne sauriez l’éviter avec trop de soin ; car on ne peut souffrir l’accusateur ni même le censeur qui laisse découvrir en soi le vice qu’il reprend chez les autres. Et moi, juges, j’attaque dans un seul homme tous les vices qui peuvent se rencontrer dans le scélérat le plus accompli. Oui, il n’y a pas un trait de libertinage, de perversité, d’audace, dont sa vie ne soit marquée. Oui, ce seul accusé m’impose la loi de régler ma conduite de façon à ce qu’elle n’offre pas la moindre ressemblance, non-seulement avec toutes ses actions et toutes ses paroles, mais même avec cet air d’arrogance et d’effronterie qui se peint dans ses regards et dans tous les traits de son visage. Je vois sans peine, juges, que cette vie que j’aimais à mener pour elle-même et par inclination, me sera désormais indispensable, grâce à la loi et aux obligations que je me suis prescrites.

III. Vous me demandez souvent, Hortensius, d’où vient que je suis l’ennemi de Verrès, et quelles injures de sa part ont pu m’engager à me porter son accusateur. Sans parler des devoirs qui pour moi naissent de mes liaisons avec les Siciliens, je répondrai d’une manière positive à la question d’inimitié. Croyez-vous qu’il y ait une inimitié plus forte que la contrariété des sentimens et l’opposition des