Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/273

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à la licence et aux excès des hommes de notre époque ? Et ces mêmes hommes dont le peuple romain voudrait qu’on fît un exemple, vous serviront-ils d’exemple pour vous justifier ? Mais je ne récuse pas même nos mœurs actuelles, pourvu que nous y choisissions des exemples qu’approuve le peuple romain, et non ceux qu’il condamne. Je ne chercherai pas bien loin, je ne sortirai point d’ici, lorsque nous avons pour juges les premiers citoyens de la république, P. Servilius et Q. Catulus (84), que leur illustration et leurs exploits ont déjà fait monter au rang de ces anciens et glorieux personnages dont je vais tout-à-l’heure vous parler. Nous cherchons des exemples, et qui ne soient pas anciens. L’un et l’autre viennent de commander une armée. Demandez, Hortensius, puisque les exemples récens vous plaisent, demandez ce qu’ils ont fait. Eh bien ! Q. Catulus prit pour son usage les grains qu’on lui fournit, et n’exigea pas d’argent. P. Servilius resta cinq ans à la tête d’une armée : il aurait pu, au moyen de l’exaction que vous voulez justifier, gagner des sommes immenses ; il ne crut pas devoir se permettre ce qu’il n’avait vu faire ni par son père, ni par son aïeul Q. Metellus (85). Et un C. Verrès se rencontrera pour venir nous dire que ce qui est utile est permis ! et ce que, à moins d’être un scélérat, personne n’a pu faire, il prétendra le justifier chez lui par l’exemple des autres !

xx XCI. Mais en Sicile cela s’est souvent pratiqué. Quelle est donc la triste destinée de la Sicile ? Quoi ! une province à qui son ancienneté, sa fidélité, sa proximité, devraient assurer les plus beaux privilèges, est, comme par une loi spéciale, vouée à l’oppression ! Mais, pour la Sicile même, je ne chercherai pas mes exemples hors de cette enceinte : c’est dans ce tribunal que je les