Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/29

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principes et des inclinations ? Celui qui regarde la bonne foi comme le plus saint des devoirs, peut-il n’être pas l’ennemi d’un questeur qui, après que son consul lui eut fait part de ses plans, remis la caisse militaire, confié tous ses intérêts, a osé le voler, l’abandonner, le trahir, le combattre ? Quiconque respecte la pudeur et la chasteté, peut-il voir de sang-froid les adultères journaliers de Verrès, ses habitudes de prostitution, ses infamies domestiques ? Quand on veut rester fidèle au culte des dieux immortels, peut-on n’être pas l’ennemi d’un impie qui a pillé tous les temples et porté ses mains sacrilèges sur leurs images, au milieu des fêtes les plus solennelles (2) ? Lorsqu’on pense que la justice doit être égale pour tous, comment ne pas devenir votre ennemi le plus acharné, Verrès, en songeant aux contradictions et aux dispositions arbitraires de vos arrêts ? Quel Romain sensible aux injures de nos alliés et aux calamités qui affligent les provinces, ne serait pas révolté de voir l’Asie dépouillée, la Pamphylie tyrannisée, la Sicile plongée dans le deuil et baignée de larmes ? Peut-on vouloir que les droits et la liberté des citoyens romains soient respectés chez toutes les nations, et n’être pas pour vous plus qu’un ennemi, en se rappelant ces fouets, ces haches, ces croix dressées pour des citoyens romains ? Quoi ! si en quelque circonstance Verrès avait lésé mes intérêts personnels par un décret injuste, je me croirais en droit de me déclarer son ennemi, et lorsqu’il n’y a pas un homme de bien dont les intérêts, la fortune, la manière d’être, les jouissances, les projets n’aient reçu de lui toutes les atteintes imaginables, vous me demandez, Hortensius, pourquoi je suis l’ennemi d’un misérable qui est en horreur au peuple romain, moi surtout