Aller au contenu

Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/317

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cette proposition, juges, vous paraît forte ; mais veuillez, je vous prie, en peser tous les termes. Ce n’est point pour entasser des mots, ni pour exagérer l’accusation que j’énumère ici tant de choses à la fois. Quand je dis qu’il n’a laissé dans toute la province aucun des objets que je viens d’indiquer, sachez que je dis ce qui est en langage vulgaire(1), et non point en style d’accusateur. Je vais m’expliquer d’une manière plus positive encore. J’affirme que Verrès n’a rien laissé dans les maisons des particuliers, ni dans les villes ; rien dans les lieux publics, ni dans les temples ; rien chez les Siciliens, ni chez les citoyens romains ; en un mot, tout ce qui a pu frapper ses regards, ou exciter ses désirs, fût-ce une propriété particulière ou publique, profane ou sacrée, il n’a rien laissé dans toute la Sicile.

Par où puis-je mieux commencer que par cette ville qui fut l’unique objet de votre tendre prédilection, Verrès, et toutes vos délices ? Ne dois-je pas de préférence choisir ceux qui furent vos panégyristes ? On concevra plus aisément de quelle manière vous avez traité ceux qui vous haïssent, qui vous accusent, qui vous poursuivent, lorsqu’on verra que, chez vos chers Mamertins, vous avez commis les plus horribles brigandages.

II. C. Heius est, de tous les Mamertins, le plus riche en raretés de tout genre ; quiconque a vu Messine en conviendra avec moi. Sa maison est la première de la ville, ou du moins la plus connue. Il n’y en a point qui soit plus généreusement ouverte à nos concitoyens, ni où ils reçoivent un accueil plus hospitalier. Cette maison, avant l’arrivée de Verrès, était si bien ornée, qu’elle était devenue l’ornement de la ville ; car, si Messine est remarquable par sa situation, par ses remparts et par son port, elle est d’ailleurs absolument dépourvue des objets qui ont tant