Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/321

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ratoire était ouvert en tout temps aux curieux ; et la maison d’Heius ne faisait pas moins d’honneur à la ville qu’au propriétaire.

C. Claudius, dont l’édilité fut (8), comme on sait, marquée par tant de magnificence, emprunta ce Cupidon pour tout le temps que le forum resta décoré par ses soins en l’honneur des dieux immortels et du peuple romain. Hôte des Heius, patron des Mamertins, s’il les trouva disposés à lui prêter ce chef-d’œuvre, il ne se montra pas moins exact à le leur rendre. Naguère encore, juges, nous avons vu des magistrats également distingués par leur naissance, que dis-je, naguère, mais tout récemment, tout à l’heure encore nous venons de les voir décorer le forum et les basiliques (9), non pas avec les dépouilles de nos provinces et les vols des concussionnaires (10), mais avec des ornemens confiés par des amis, prêtés par des hôtes, et ces statues, ces ornemens précieux, ils les ont rendus fidèlement à leurs propriétaires. Ce n’est pas eux qui, après avoir, sous prétexte de leur édilité, enlevé ces objets aux villes alliées pour quatre jours, les ont fait transporter dans leurs palais et dans leurs maisons de campagne. Mais les statues dont j’ai parlé, Heius se les est vu toutes enlever de son oratoire par Verrès. Oui, juges, Verrès, je le répète, n’en a laissé aucune, excepté cependant une vieille figure en bois, qui représentait, je crois, la Bonne Fortune (11). Sans doute il dédaigna de l’avoir dans sa maison.

xx IV. Ô justice des dieux et des hommes ! quel attentat ! quelle cause monstrueuse ! quelle impudence ! Ces statues, avant le jour où vous osâtes les enlever, il n’est aucun de nos commandans venus à Messine qui n’ait voulu les voir ; parmi tant de préteurs, de consuls envoyés en Sicile, et