Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/327

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acheté de bonne foi, qu’il n’y ait eu de sa part ni abus de pouvoir, ni violence, ni injustice. Eh bien ! j’y consens. Si Heius a voulu vendre quelques-unes des statues dont je parle, s’il les a vendues au prix qu’il l’estimait, je ne demande plus pourquoi vous avez acheté.

VI. Que nous faut-il faire ? est-il ici besoin d’argumenter beaucoup sur un fait de cette nature ? Le point essentiel, je crois, est d’examiner si Heius avait des dettes, s’il a fait une vente à l’enchère, et dans ce cas s’il se trouvait tellement dépourvu de numéraire, tellement à l’étroit, tellement pressé par les circonstances, qu’il fût obligé de spolier son oratoire, de vendre les dieux de ses pères. Mais je vois qu’il n’a point fait de vente à l’encan ; qu’il n’a jamais vendu que les produits de ses terres ; que non seulement il n’a point et n’a jamais eu de dettes, mais qu’il a toujours eu et qu’il a encore beaucoup d’argent comptant. Mais enfin sa situation eût-elle été tout autre, il n’aurait point vendu des monumens qui étaient depuis tant d’années dans sa maison et dans l’oratoire de ses ancêtres. Si l’on m’objecte qu’il n’a pu résister à la grandeur du prix qu’on lui a offert, il n’est point vraisemblable qu’un homme aussi riche, aussi plein d’honneur ait sacrifié sa religion, et les monumens de ses pères pour de l’argent. Fort bien ; mais quelquefois on se laisse entraîner bien loin de ses principes par l’appât d’une forte somme. Voyons donc quelle est cette somme qui a pu déterminer le désintéressé, l’opulent Heius, à oublier ce qu’il devait à son honneur, à sa famille, à sa religion. Voici, je crois, ce que par votre ordre il a porté sur son livre de compte : Toutes ces statues de Praxitèle, de Myron, de Polyclète, ont été vendues à Verrès six mille cinq cents sesterces (15). Oui, lisez les registres d’Heius. Registres d’Heius. J’aime