Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/331

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quel avantage pour moi, juges, si vous pouviez entendre le fait que je dénonce, confirmé par Heius lui-même ! Rien sans doute ne serait plus à désirer, mais il ne faut pas demander l’impossible. Heius est de Messine. Messine, d’après une délibération publique, a seule envoyé une députation pour faire l’éloge de Verrès. Abhorré du reste des Siciliens, il n’a pour amis que les Mamertins. La députation, chargée de faire son apologie, a pour chef Heius, comme le plus considérable de sa ville, et peut-être aussi pour que tout occupé de sa mission publique, il garde le silence sur des injures qui lui sont personnelles. Toutes ces circonstances, juges, étaient pour moi connues, appréciées ; je m’en suis rapporté cependant à la bonne foi d’Heius. Je l’ai fait comparaître dans la première action, et quel risque pouvais-je courir ? qu’aurait pu répondre Heius, quand il aurait manqué de probité et démenti son caractère ? que ces statues étaient dans sa maison, et non dans celle de Verrès ? pouvait-il rien avancer de semblable ? En le supposant l’homme le plus vil, le menteur le plus impudent, tout ce qu’il aurait pu dire, c’était qu’il les avait mises en vente, et qu’il en avait retiré le prix qu’il voulait. Mais cet homme qui tient par sa naissance le premier rang parmi ses concitoyens, qui d’ailleurs est jaloux de vous donner une idée avantageuse de sa religion et de son honnêteté, a commencé par déclarer qu’il louait Verrès au nom de sa ville, parce que tel était l’objet de sa mission : puis il a ajouté que ses statues n’avaient point été à vendre, et que, s’il avait été le maître d’agir à sa volonté, nulle offre n aurait pu le déterminer à vendre des monumens que ses ancêtres lui avaient transmis et légués avec cet oratoire