Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/335

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mes dieux. Et parce qu’il a parlé, parce qu’un allié, un ami du peuple romain a profité de l’occasion pour vous faire entendre avec modération une plainte trop légitime, parce qu’il s’est montré fidèle à sa religion, et en redemandant les dieux de ses pères, et en respectant dans sa déposition la foi du serment, sachez, juges, qu’un des membres de la députation, le même qui avait été chargé par la ville de présider à la construction du vaisseau, a été renvoyé par Verrès à Messine, pour engager son sénat à flétrir Heius par un décret.

IX. Homme insensé ! que vous êtes-vous flatté d’obtenir ? Ignoriez-vous l’estime et le respect qu’avaient pour lui ses concitoyens ? Mais je suppose que l’on eût souscrit à votre demande ; je suppose que les Mamertins eussent prononcé contre Heius une peine infamante, de quel poids, dites-moi, seraient les éloges décernés par des hommes capables de punir un témoin pour avoir dit la vérité ? Et d’ailleurs que signifie une apologie, lorsqu’on ne peut interroger le panégyriste, sans qu’il devienne accusateur ? Quoi donc ! tous vos apologistes ne sont-ils pas mes témoins ? Heius en est un ; il vous a porté un coup terrible. Je ferai comparaître les autres : ils tairont volontiers sans doute tout ce qu’ils pourront ; mais ils avoueront, en dépit d’eux-mêmes, ce qu’il est impossible de dissimuler. Nieront-ils qu’un très-gros bâtiment de transport ait été construit pour Verrès à Messine ? Qu’ils le nient, s’ils l’osent ! Nieront-ils qu’un sénateur de Messine a présidé à la construction de ce vaisseau au nom de la ville ? Plût aux dieux qu’ils pussent le nier ! J’ai d’autres questions encore que je réserve pour le moment même, afin qu’ils n’aient pas le loisir de méditer et de concerter leurs dépositions parjures.