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Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/343

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gnité de l’ordre sénatorial ; car si cet illustre corps cessait d’imposer le respect à nos alliés et aux nations étrangères, que deviendraient la considération et la majesté de notre empire ? Les Mamertins ne m’ont fait à moi aucune espèce d’invitation publique : quand je dis à moi, peu importe (26) ; mais j’étais sénateur du peuple romain ; ne pas m’inviter n’était-ce pas refuser le tribut d’une déférence légitime, je ne dis pas à un individu, mais au premier ordre de l’état ? car, pour ce qui est de moi, je pouvais disposer de l’opulente et vaste maison de Cn. Pompeius Basiliscus, où, quand même vous m’auriez invité, j’aurais pris mon logement. J’avais encore la maison des Parcennius, qui portent aussi le nom de Pompée (27), maison très-honorable, où Lucius, mon frère (28), trouva des hôtes si empressés à le recevoir. Il n’a pas tenu à vous, Mamertins, qu’un sénateur du peuple romain n’ait point trouvé de logement dans vos murs, et qu’il n’ait passé la nuit au milieu de la place publique. Non, jamais, avant vous, aucune ville n’avait tenu une semblable conduite.

Mais, me dites-vous, vous vouliez traduire notre ami devant les tribunaux. Eh quoi ! ce que je puis faire comme individu vous fournira-t-il prétexte pour manquer aux égards dus à un sénateur ? Il sera temps pour nous, juges, de nous plaindre de cet affront, si jamais il est question de vous, Mamertins, dans cette assemblée auguste, qui ne s’est encore vue méprisée que par vous seuls. Mais, pour ne parler ici que du peuple romain, de quel front avez-vous osé vous présenter devant lui ? Avez-vous auparavant arraché cette croix encore dégouttante du sang d’un citoyen romain (29), cette croix plantée près de votre port, à l’entrée de votre ville ? Quoi ! vous ne l’avez point préci-