Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/349

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le vol était public, vous fîtes réflexion que si vous les rendiez, vous en auriez d’autant moins, et que le fait n’en serait pas moins constant. En conséquence, vous vous êtes abstenu de les rendre. Philarque a déclaré dans sa déposition que, sachant votre maladie, comme vos amis l’appellent, il s’était décidé à vous donner le change au sujet de ces colliers. Mandé par vous, il avait répondu qu’il ne les avait pas ; qu’effectivement il les avait mis en dépôt chez un tiers, pour que vous ne les trouvassiez pas ; mais que, grâce à votre excessive sagacité, vous pûtes les voir là où ils étaient en dépôt, par l’indiscrétion de la personne même qui en était chargée ; qu’alors Philarque se trouvant pris, il lui fut impossible de soutenir la négative, et que les colliers lui furent enlevés malgré lui et sans indemnité.

XIII. Mais comment Verrès parvenait-il à découvrir tous ces objets ? Il n’est pas indifférent de vous le faire connaître, juges. Il y avait à Cibyre (33) deux frères nommés Tlépolème et Hiéron ; l’un, je crois, était modeleur en cire, et l’autre peintre. Tous deux étaient, si je ne me trompe, soupçonnés par leurs concitoyens d’avoir pillé le temple d’Apollon. Craignant les condamnations des tribunaux et la sévérité des lois, ils s’enfuirent de leur pays. Ils avaient été à même de connaître la passion de Verrès pour les ouvrages de leur art dans un voyage qu’il avait fait à Cibyre avec de fausses obligations, ainsi que des témoins vous l’ont appris. Forcés de quitter leur pays, ces deux exilés se réfugièrent auprès de lui en Asie, où il se trouvait alors. Depuis ce temps, il les a toujours eus à sa suite, et dans tous les brigandages qui signalèrent sa lieutenance, leur active industrie et leurs avis lui furent d’une grande utilité.