Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/35

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par plaisir. Dans cette cause relative aux blés, n’oubliez pas, juges, que c’est sur les propriétés et les revenus de tous les Siciliens, sur la fortune de tous les Romains cultivant des terres en Sicile, sur les tributs que nous ont laissés nos ancêtres, enfin sur la vie et sur la subsistance du peuple romain, que vous avez à prononcer. Si l’objet de ce plaidoyer vous paraît très-important, ce ne sont point des détails variés ni de riches développemens que vous devez attendre de moi. Personne de vous n’ignore, juges, que si le peuple romain trouve une province si riche et si précieuse dans la Sicile, qui n’a été réunie à son domaine que dans ce but, c’est surtout par les grains qu’elle lui fournit. Pour tout le reste, nous trouvons à la vérité quelques secours dans cette province, mais ici nous lui devons la subsistance et la vie.

Je diviserai cette accusation en trois parties ; je parlerai d’abord du blé soumis à la dîme, puis du blé acheté, enfin du blé estimé.

VI. Entre la Sicile et les autres provinces voici la différence qui existe relativement à l’assiette de l’impôt territorial. Aux autres nations il fut imposé une taxe déterminée, appelée taxe permanente (4), comme aux Espagnols et à la plupart des cités carthaginoises ; c’est le prix de nos victoires et le châtiment de leur résistance. Ailleurs, comme en Asie, les censeurs afferment les terres conformément à la loi Sempronia. Quant aux villes de la Sicile, en les admettant dans notre amitié et sous notre protection, nous sommes convenus qu’elles demeureraient sous leurs propres lois, et qu’elles obéiraient au peuple romain aux mêmes conditions qu’à leurs anciens chefs. Très-peu d’entre ces villes (5) furent soumises à nos ancêtres par la conquête : leur territoire