Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/361

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une grosse somme, direz-vous lui avoir acheté, ou conviendrez-vous lui avoir volé deux gondoles d’argent ornées de reliefs rapportés (43) ?

Mais à quoi bon rappeler tous ces délits secondaires, qui ne prouvent autre chose que la rapacité de Verrès, et les pertes de ceux qui en ont été les victimes ? Écoutez, je vous prie, juges, un fait qui fait moins ressortir son avarice et sa cupidité qu’une démence portée jusqu’à la fureur.

xx XVIII. Diodore de Malte est un des témoins qui ont déposé devant vous. Depuis nombre d’années il demeure à Lilybée. Dans sa patrie, il jouissait de la considération due à sa naissance ; dans son pays d’adoption, il a mérité par ses vertus l’estime et l’amitié de tous. Verrès apprit que Diodore possédait de très-beaux vases façonnés au tour, entre autres deux coupes dites Thériclées, de la main de Mentor (44), et qui passaient pour des chefs-d’œuvre. À peine lui en eut-on parlé, que, brûlant de les examiner et de les prendre, il fit venir Diodore, et les lui demanda. Celui-ci, qui n’était pas fâché de garder ses coupes, répondit qu’elles n’étaient point à Lilybée, qu’il les avait laissées à Malte, chez un parent. Aussitôt Verrès dépêche à Malte des agens sûrs, il mande à plusieurs habitans de lui chercher les deux vases, il prie Diodore de lui donner une lettre pour son parent : le temps lui paraît d’une longueur insupportable, tant il lui tarde de les voir. Cependant Diodore, homme économe et vigilant, jaloux surtout de conserver son bien, écrit à son parent de répondre aux émissaires de Verrès qu’il venait d’envoyer ces coupes à Lilybée. Lui-même s’éloigne, aimant mieux s’absenter quelque temps de sa maison que de se