Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/397

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dant avoir découvert que des pirates syriens allaient fondre sur la Sicile. Que l’on ne croie pas que j’insiste ici sur un fait obscur, et que je fonde mon accusation sur de vagues soupçons. C’est en présence d’une foule de Romains, au milieu de Syracuse, dans le forum de cette capitale, oui, à Syracuse, dans la place publique, qu’Antiochus, les larmes aux yeux, attesta, d’une voix forte, les dieux et les hommes, qu’un candélabre, enrichi de pierreries, voué par lui à l’ornement du Capitole, et qu’il aurait voulu placer lui-même dans le temple le plus auguste, comme un monument et de l’alliance et de l’amitié qui l’unissaient au peuple romain, lui avait été enlevé par Verrès ; qu’il ne regrettait point les autres ouvrages en or et en pierreries dont ce préteur avait fait sa proie ; mais que se voir arracher ce candélabre, c’était un affront sanglant dont il ne pourrait se consoler ; que, bien que de pensée et d’intention son frère et lui l’eussent déjà consacré, néanmoins, en présence de tous les citoyens romains qui l’entendaient, il l’offrait, le donnait, le dédiait et le consacrait (59) de nouveau au très-bon et très-grand Jupiter, et prenait ce dieu lui-même à témoin de ses intentions et de ses pieux sermens.

XXX. Quelle voix, quels poumons, quelle force pourraient exprimer toute l’atrocité de ce forfait ? Antiochus avait passé près de deux années à Rome ; il y avait vécu, sous les yeux de tous les citoyens, entouré d’un appareil et d’une magnificence royale. Non-seulement il est l’ami et l’allié du peuple romain, mais fils, petit-fils, de rois qui furent nos plus fidèles amis (60), et le descendant d’une longue suite de monarques très-illustres ; lui-même enfin règne sur un vaste et puissant empire. Il était venu