Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/401

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devez signaler dans cette cause, mais toute l’animosité d’un ennemi, d’un accusateur. Votre gloire personnelle est inséparable de ce temple : oui, par le bienfait du sénat et du peuple romain, votre nom est désormais voué comme lui à l’immortalité. C’est donc pour vous un devoir, pour vous une noble tâche, de faire en sorte que le Capitole, après avoir été reconstruit avec plus de magnificence, soit aussi plus richement décoré qu’il ne l’était auparavant. Il faut que l’incendie qui l’a consumé paraisse avoir été l’effet de la volonté des dieux, non pour détruire le temple du très-bon, très-grand Jupiter, mais pour avertir les mortels d’en élever un autre plus brillant et plus magnifique.

Vous avez, Catulus, entendu Q. Minucius Rufus vous dire qu’il avait logé le roi Antiochus dans sa maison à Syracuse ; qu’il savait que le candélabre avait été porté chez Verrès ; qu’il savait aussi qu’il n’avait pas été rendu. Vous avez entendu, et tous les Romains domiciliés à Syracuse vous diront qu’ils étaient présens lorsque le roi Antiochus dédia et consacra le candélabre à Jupiter très-bon et très-grand. Si vous n’étiez pas juge, et que ce crime vous fût dénoncé, ce serait à vous, non-seulement de le déférer à la justice, mais d’en solliciter le châtiment. Je ne suis donc pas en peine de ce que vous pourrez penser comme juge, puisque, si devant un autre tribunal vous remplissiez le ministère d’accusateur, vous devriez déployer encore plus de chaleur et d’énergie que je ne le fais moi-même.

XXXII. Et vous, juges, concevez-vous rien de plus indigne et de plus intolérable ? Quoi ! Verrès aura donc dans sa maison le candélabre du très-bon et très-grand Jupiter ! Ce chef-d’œuvre tout enrichi d’or et de pierreries, et dont l’éclat resplendissant devait rehausser, embellir