Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/441

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mariées et de jeunes vierges qui célèbrent les saints mystères. Eh bien ! juges, cette statue, les esclaves de Verrès l’enlevèrent furtivement au milieu de la nuit, malgré la sainteté du lieu et sa vénérable antiquité. Le lendemain, les prêtresses de Cérès, et particulièrement les gardiennes du temple, toutes respectables par leur âge, par leur naissance et leur vertu, dénoncèrent le fait aux magistrats. Tout le monde fut révolté de cet attentat non moins impie que déplorable. Verrès lui-même est épouvanté des conséquences. Afin d’écarter de lui le soupçon, il charge un de ses hôtes de trouver quelque malheureux à qui le crime pût être imputé, et de prendre ses mesures pour que la condamnation de ce dernier le mît à l’abri de toute poursuite. Le jour même ses désirs sont accomplis. Dès que Verrès est parti de Catane, un esclave est traduit en justice. On présente l’accusation ; des témoins subornés déposent contre lui, et le sénat en corps instruit l’affaire suivant les lois du pays. Les prêtresses sont appelées ; dans un interrogatoire secret on leur demande ce qu’elles pensent de l’enlèvement de la statue et des circonstances du vol. Elles répondent qu’on a vu dans le temple des esclaves du préteur. Déjà la chose n’était pas douteuse, la déposition des prêtresses la rend évidente. On va aux opinions, et, d’une voix unanime, l’esclave est déclaré innocent, pour laisser à votre équité, juges, le soin de condamner aussi d’une voix unanime le vrai coupable. Car enfin que prétendez-vous, Verrès ? que pouvez-vous espérer ? que pouvez-vous attendre ? et quel secours prétendez-vous obtenir des dieux et des hommes ? Quoi ! vous avez osé envoyer des esclaves piller un temple où des hommes libres n’avaient pas le droit d’entrer, même pour y faire entendre leurs prières ! Vous avez eu la té-