Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/459

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ou particulières, ils les attribuent à cet acte sacrilège de Verrès.

xx Vous avez entendu Centorbe, Agyrone, Catane, Herbite, Enna et beaucoup d’autres villes vous attester, par l’organe de leurs députés, la situation déplorable de leurs territoires, la fuite des laboureurs, la solitude et la désolation de leurs champs, incultes, abandonnés. Quoiqu’il faille en accuser les vexations multipliées de Verrès, néanmoins, dans l’opinion des Siciliens, une seule cause a produit tous ces maux ; ils sont persuadés que c’est parce que Céres a été outragée que tous les dons de Céres ont péri dans leurs champs. Guérissez les plaies faites à la religion de vos alliés, ou plutôt conservez la vôtre. Cette religion ne vous est point étrangère ; et quand elle le serait, quand vous refuseriez de l’adopter, vous n’en devriez pas moins la maintenir, en punissant le profanateur. Mais puisqu’il s’agit d’un culte commun à tous les peuples, d’un culte que nos pères ont emprunté aux nations étrangères, et qu’ils pratiquèrent avec une dévotion constante, d’un culte qu’ils ont eu soin de distinguer en l’appelant le culte grec, parce qu’en effet il a pris naissance dans la Grèce, pourrions-nous, quand nous le voudrions, montrer une coupable indifférence ?

xx LII. Il est encore une ville, la plus belle et la plus riche de toutes les cités de la province, Syracuse, dont je dois vous retracer la spoliation. Ce tableau terminera enfin cette trop longue énumération de crimes. Il n’est peut-être aucun de vous, juges, qui n’ait souvent entendu raconter, ou qui n’ait même lu quelquefois dans nos annales comment Syracuse fut prise par M. Marcellus. Comparez, je vous prie, le gouvernement de Verrès, au sein de la paix, avec cette expédition guerrière ;