Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/471

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durant la guerre, laissé aux Syracusains les objets de leur admiration, que de voir un de nos préteurs les leur ravir au sein de la paix. Sur ces portes, on voyait des sujets historiques représentés en ivoire avec un art infini. Verrès les a tous fait détacher. Il a fait également enlever une superbe tête de Gorgone (82) avec sa chevelure de serpens. Toutefois, il a montré dans cette occasion qu’il n’était pas seulement séduit par la beauté du travail, mais encore par la richesse de la matière ; car il ne s’est pas fait scrupule d’arracher tous les clous d’or attachés à ces portes, et il y en avait beaucoup, qui même étaient fort grands : ici ce n’était pas leur beauté, mais leur poids qui pouvait lui plaire. Enfin, il n’a laissé ces portes qu’après les avoir mises en état de ne plus servir qu’à la fermeture du temple dont jadis elles étaient le plus bel ornement.

A-t-il fait grâce à certaines piques de jonc (83) ? J’ai remarqué votre surprise lorsque les témoins ont déposé sur ce larcin ; et en effet, il s’agissait d’un objet tel, que c’était bien assez de l’avoir vu une fois. Ces piques, qui ne sont point faites de la main des hommes, n’avaient rien de beau dans la forme ; seulement elles étaient d’une hauteur extraordinaire ; mais, je le répète, c’était assez d’en avoir entendu parler, c’était trop de les voir plus d’une fois. Cependant, Verrès, cette chétive proie a excité votre convoitise.

xx LVII. Du moins la Sapho que vous avez enlevée du Prytanée vous fournit une excellente excuse, et l’on doit presque vous pardonner, vous passer ce vol. Ce chef-d’œuvre de Silanion (84), d’un goût si exquis, d’un travail si parfait, était trop beau pour un particulier, et même pour un peuple, quand il existait un aussi fin connaisseur, un amateur aussi éclairé que Verrès. Nul assurément ne