Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/49

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capable, le fait cependant doit vous paraître controuvé. Moi-même, quand toute la Sicile en déposerait, je n’oserais l’affirmer, si je ne pouvais rapporter les édits de Verrès d’après ses registres, sans en omettre un seul mot, ainsi que je vais le faire. Donnez, je vous prie, les registres au greffier, qui va en lire la minute. Lisez l’édit sur la déclaration. Edit Sur La Déclaration. Verrès prétend que je ne fais pas tout lire ; car le signe qu’il fait ne veut pas dire autre chose. Qu’ai-je donc passé ? est-ce l’article où vous avez l’air de veiller aux intérêts des Siciliens, et de prendre en pitié les malheureux laboureurs ? Vous y statuez, il est vrai, que si le décimateur perçoit plus qu’il ne lui est dû, il paiera huit fois la somme. Je ne veux rien passer. Lisez aussi ce qui concerne la restitution ; lisez l’édit tout entier. Edit Sur L’action En Restitution De Huit Fois La Somme. Il faudra donc que le laboureur poursuive le décimateur devant les tribunaux ! Il n’y a ni humanité ni justice à forcer des laboureurs à quitter leurs champs pour le barreau, leur charrue pour le banc des plaideurs, et leurs travaux champêtres pour la chicane et pour des contestations étrangères à leurs habitudes.

XI. Eh quoi ! pour toutes les autres impositions de l’Asie, de la Macédoine, de l’Espagne, de la Gaule, de l’Afrique, de la Sardaigne, et même de plusieurs cantons de l’Italie qui sont sujets au tribut, pour toutes ces impositions, dis-je, le fermier public poursuit ou prend hypothèque, mais jamais il ne saisit les propriétés et ne s’en met en possession ; et vous, Verrès, vous avez établi à l’égard des hommes les plus utiles, les plus probes, les plus honnêtes, car tels sont les laboureurs, une jurisprudence contraire à toute autre législation ! Lequel