Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/491

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Verrès s’y était opposé ; que, bien que Peducéus n’eût plus besoin de cette apologie, il serait injuste de ne pas prendre d’abord un arrêté si conforme à leurs intentions passées, sauf à voter ensuite le décret qu’on leur imposait alors.

Tous, par acclamation, applaudissent à cette proposition. La délibération s’ouvre au sujet de Peducéus : chacun, suivant son âge et sa dignité, donne son opinion. Vous en voyez la preuve dans le sénatus-consulte ; car les avis des principaux opinans s’y trouvent relatés. Lisez. Sur la proposition faite en faveur de Sextus Peducéus. Suivent les noms des premiers opinans, puis la teneur du décret. La délibération se porte ensuite sur Verrès. Lisez, je vous prie, le procès-verbal. Sur la proposition faite en faveur de C. Verrès. Poursuivez. Personne ne se levant pour donner son avis. Eh bien ? On lire au sort. Et pourquoi ? Il ne s’est donc trouvé aucun membre pour faire spontanément l’éloge de votre préture, pour embrasser votre défense dans le péril qui vous menaçait ? Cependant on était sûr de gagner les bonnes grâces du préteur actuel. Quoi ! parmi vos convives, vos conseillers, vos complices, vos associés qui se trouvaient là, personne n’a osé hasarder un seul mot ! Quoi ! dans un sénat où figuraient votre statue et celle de votre fils tout nu, personne ne s’est senti touché de compassion par cette image d’un enfant dont la nudité rappelait le déplorable état de la province !

On me fit encore remarquer que l’éloge décerné par ce sénatus-consulte était conçu de manière à ce que chacun pût y voir, non une apologie, mais une vraie dérision, une satire indirecte de l’infâme et désastreuse préture de Verrès. Effectivement en voici les termes : Considérant qu’il n’a fait battre personne de verges ; c’est vous avertir,