Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/51

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est le plus juste que le décimateur perçoive ou que le cultivateur réclame ? que l’action judiciaire prévienne les vexations ou qu’elle les attende ? que la propriété reste dans les mains qui l’ont fait valoir, ou qu’elle passe à celui qui n’a qu’à lever le doigt (13) pour l’enchérir ? Et ceux qui n’ont à labourer qu’une journée de terre, et qui ne peuvent quitter un instant leurs travaux (et de cette classe le nombre était grand avant votre préture), que feront-ils ? Quand ils auront donné à votre Apronius tout ce qu’il leur aura demandé, laisseront-ils leurs labours ? abandonneront-ils leurs foyers domestiques ? Ils viendront à Syracuse, afin sans doute d’obtenir, vous étant préteur, au moyen d’une procédure équitable, contre Apronius, vos délices, un jugement en restitution ? Mais je le veux ; il se trouvera parmi les laboureurs quelque homme de tête et d’expérience, qui, après avoir donné au décimateur tout ce que celui-ci aura prétendu lui être dû, réclamera judiciairement, et poursuivra en restitution de huit fois la valeur perçue. J’attends tout de la force de l’édit et de la sévérité du préteur. Je m’intéresse au laboureur ; je fais des vœux pour qu’Apronius soit condamné à rendre huit fois la valeur. Que demande enfin le cultivateur ? Rien autre chose qu’une sentence qui prescrive la restitution aux termes de l’édit. Que répond Apronius ? Il ne refuse pas d’être jugé. Et le préteur ? Il ordonne aux parties de faire leurs récusations parmi les commissaires. Prenons note des décuries : quelles décuries ! C’est parmi les hommes de ma suite que vous ferez vos récusations. Mais de quelles gens cette suite est-elle composée ? De quelles gens ! de l’aruspice Volusius, du médecin Cornelius, et de toute cette meute affamée que vous voyez rôder autour de mon tribunal ; car jamais Verrès n’a pris ni