Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/107

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conde fois avec autant de bonheur que la première ? Mais voici le fait : si le véritable chef de pirates avait eu une bonne fois la tête tranchée, vous n’auriez point touché le prix de sa rançon : si l’individu que vous avez mis à sa place était mort ou avait pris la fuite, il ne vous aurait pas été difficile de lui en substituer un autre.

Je me suis plus étendu que je ne voulais sur ce capitaine de pirates, et cependant je n’ai pas encore fait valoir mes plus puissans moyens. Je n’ai pas voulu anticiper sur ce qui me reste à faire à cet égard ; ce n’est pas ici le lieu : il est un autre tribunal (60), une autre loi, que je me propose d’invoquer.

xx XXXI. Riche d’une si belle capture, de tant d’esclaves, d’argenterie, d’étoffes, notre homme ne se montra pas plus diligent à équiper la flotte, à rassembler les soldats, à pourvoir à leur entretien, quoique de pareils soins, en assurant la tranquillité de la province, eussent pu lui procurer à lui-même un nouveau butin. On touchait à la fin de l’été, saison durant laquelle les autres préteurs ne manquaient jamais de parcourir la Sicile, de se montrer en tous lieux, et même de se mettre en mer pour donner la chasse aux pirates, qui inspiraient alors tant de craintes. Mais Verrès, uniquement occupé de ses aises et de ses plaisirs, ne se trouva pas assez bien dans l’ancien palais d’Hiéron, devenu la résidence des préteurs. Ainsi que je l’ai dit, suivant son usage durant les chaleurs, il fit dresser des tentes du tissu le plus fin sur cette partie du rivage qui est dans l’île de Syracuse, derrière la fontaine d’Aréthuse, à l’entrée du port, dans un lieu délicieux et tout-à-fait à l’abri des regards indiscrets. C’est là que, durant soixante jours d’été, on a vu le préteur du peuple romain, le gar-