Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/123

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le peuple n’oublia pas ce qu’il se devait à lui-même et à la réputation d’une cité où résident tant de citoyens romains dont s’honorent et la province et la république.

Les Syracusains s’animent à leur propre défense ; le préteur, immobile, est à peine éveillé. Ils prennent les armes, et remplissent le forum, ainsi que l’île, qui forme un des principaux quartiers de la ville. Les pirates, qui ne passèrent que cette nuit au promontoire d’Élore, laissent les débris de notre flotte encore fumans sur la côte, et s’approchent de Syracuse. Sans doute ils avaient entendu dire qu’il n’y avait rien de plus beau que les remparts et le port de cette ville, et ils étaient persuadés que, s’ils ne les voyaient pas pendant la préture de Verrès, jamais il ne leur serait possible de les voir.

XXXVII. Ils se présentent d’abord devant la partie du rivage où Verrès avait fait dresser des tentes pour y établir durant l’été son camp de plaisance ; ils le trouvent évacué. Ne doutant pas que le préteur ne se fût retiré avec armes et bagages, ils entrent hardiment dans le port. Quand je dis le port, je dois m’expliquer plus clairement pour ceux qui ne connaissent pas les lieux ; je veux dire qu’ils entrent dans la ville, et jusque dans le cœur de la ville ; car à Syracuse ce n’est point le port qui couvre la place, mais la place qui ferme le port, en sorte que la mer, au lieu de baigner le dehors et l’extrémité des murs, pénètre bien avant dans l’intérieur de la cité.

C’est là que, vous étant préteur, le chef de pirates