Aller au contenu

Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/157

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aucun ne se met en peine de voiler du moins sa cupidité. Rome, si magnifique et si richement décorée, n’offre pas une statue, pas un tableau qui ne soit le fruit de ses victoires ; mais les maisons de plaisance de ces déprédateurs sont ornées et remplies des dépouilles les plus précieuses de nos plus fidèles alliés. Où pensez-vous que soient les trésors de tant de nations aujourd’hui réduites à l’indigence ? Athènes, Pergame, Cyzique, Milet, Chios, Samos, et l’Asie, et l’Achaïe, et la Grèce, et la Sicile, ne sont-elles pas comme englouties dans un petit nombre de maisons de plaisance ? Mais ces richesses, je le répète, vos alliés y renoncent, et s’abstiennent de les réclamer : c’est assez pour eux d’avoir mérité, par leurs services et leur fidélité, d’être à l’abri de toute spoliation autorisée par le peuple romain. Du reste, si jadis il leur était difficile de se défendre contre la cupidité de quelques scélérats, du moins ils pouvaient en quelque sorte y suffire : aujourd’hui il ne leur reste ni le moyen d’y résister ni celui de la satisfaire. Aussi ne s’inquiètent-ils nullement de leurs intérêts pécuniaires ; ils ne sollicitent du tribunal aucune restitution ; ils abandonnent l’objet de la cause ; ils en font un entier sacrifice. C’est dans cet état de dénuement qu’ils se présentent à vous. Voyez, voyez, juges, ces lambeaux souillés de fange qui couvrent nos alliés !

XLIX. Sthenius de Thermes, que voici présent, les cheveux épars et en vêtemens de deuil, a vu sa maison entièrement spoliée ; et cependant, Verrès, il ne parle point de vos brigandages : la seule chose qu’il redemande, c’est lui-même, c’est sa propre conservation : car votre scélératesse et vos fureurs l’ont tout-à-fait banni d’une patrie où ses vertus et ses services