Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/201

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je n’en veux pas davantage : je laisse, j’abandonne tout le reste. Le voilà pris dans ses propres filets, il y périra. Vous ignoriez, dites-vous, qui était ce Gavius ; vous le soupçonniez d’être un espion. Je ne demande pas sur quoi ce soupçon était fondé ; c’est d’après vos paroles que je vous accuse. Il se disait citoyen romain : vous-même, si vous étiez arrêté chez les Perses, ou bien aux extrémités de l’Inde, et qu’on vous conduisît au supplice, que diriez-vous : Je suis citoyen romain ? Eh bien ! s’il est vrai que, sans être connu de ces peuples, sans les connaître vous-même, tout barbares, tout relégués qu’ils sont aux bornes du monde, le nom de Rome, ce nom auguste et révéré chez toutes les nations, eût été pour vous une sauve-garde, comment cet homme que vous faisiez attacher à une croix, cet homme, quel qu’il fût, quelque inconnu qu’il pût être à vous, lorsqu’il se disait citoyen romain, n’a-t-il pu, en réclamant ce titre sacré, obtenir de vous, obtenir d’un préteur, sinon la vie, du moins un sursis à son exécution ?

LXV. Des hommes sans fortune et sans nom traversent les mers, et arrivent dans des pays qu’ils n’ont jamais vus, où ils ne connaissent personne, où personne ne les connaît. Cependant, pleins de confiance dans le titre de citoyens romains, ils se croient en sûreté, non-seulement auprès de nos magistrats, que contient la crainte des lois et de l’opinion publique, non-seulement auprès des citoyens romains, unis avec eux par le même langage, par les mêmes droits et par tant d’autres liens ; mais ils ont l’espoir que, dans quelque contrée qu’ils abordent, ce titre sera pour eux un gage d’inviolabilité (105). Ôtez-la cette espérance, ôtez-le cet appui aux citoyens romains, établissez que ces mots : je suis citoyen romain, seront