Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/203

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désormais impuissans ; établissez qu’un préteur ou tout autre magistrat pourra envoyer impunément au supplice celui qui se dira citoyen romain, sous prétexte qu’il ne le connaît pas : dès-lors toutes les provinces, dès-lors tous les royaumes, dès-lors toutes les républiques, dès-lors le monde entier, que nos concitoyens ont trouvé dans tous les temps ouvert devant eux, sera fermé pour jamais aux citoyens romains. Mais d’ailleurs, puisque Gavius se réclamait de L. Pretius, chevalier, qui, à cette époque, tenait en Sicile une maison de commerce, était-il si malaisé d’écrire à Panorme, de retenir cet homme, de le faire garder dans la prison de vos chers Mamerlins jusqu’à l’arrivée de Pretius ? Reconnu par lui, vous l’auriez traité avec moins de rigueur ; autrement, vous auriez pu, si la fantaisie vous en eût pris, établir cette nouvelle jurisprudence, que désormais tout homme que vous ne connaîtriez pas, et qui n’aurait point de répondant assez riche, fût-il citoyen romain, expirerait sur une croix.

LXVI. Mais pourquoi m’occuper plus long-temps de Gavius, comme si Gavius seul avait été l’objet de votre haine ; comme si ce n’était pas au nom romain, au corps entier des citoyens, à nos droits, que vous eussiez fait la guerre ? Non, je le répète, ce n’était pas un individu, c’était la cause commune de la liberté dont vous fûtes le persécuteur. Car enfin pour quelle raison, lorsque les Mamertins, conformément à leur usage et à leurs institutions, avaient dressé la croix derrière la ville, sur la voie Pompeia, avez-vous ordonné qu’elle fût transportée en face du détroit ? pourquoi avez-vous ajouté (et vous ne pouvez le nier aujourd’hui, puisque vous l’avez dit hautement devant tout un peuple) que vous