Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/209

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impossible) ; mais enfin, si mon attente est trompée, les Siciliens ne manqueront pas de se plaindre et de s’indigner avec moi d’avoir perdu leur cause. Et, puisque le peuple romain m’a donné le pouvoir de monter à la tribune, il m’y verra paraître avant les calendes de février. Là, je parlerai pour le mettre à même de revendiquer lui-même ses droits, et je ne consulterai que ma gloire et mon ambition personnelle. Peut-être n’est-il pas indifférent à mes intérêts que Verrès échappe à votre tribunal, et soit réservé pour le tribunal suprême du peuple romain. La cause est brillante, facile à défendre, honorable pour moi ; elle est de nature à flatter le peuple et à mériter sa reconnaissance. Enfin, si l’on me prête une intention qui n’est jamais entrée dans mon cœur, si l’on croit que j’ai voulu m’élever par la ruine d’un accusé, cet accusé ne pouvant être absous sans qu’il y ait beaucoup de coupables, alors il me sera permis de m’élever sur la ruine de bien d’autres.

LXVIII. Mais, je le jure, vos intérêts, juges, et ceux de la république me sont trop chers pour que je désire qu’un tribunal si respectable soit jamais souillé d’une pareille forfaiture ; non, je ne désire point que des juges approuvés et choisis par moi se déshonorent en acquittant un si grand coupable, et semblent avoir tracé leur arrêt, non sur la cire, mais sur la fange (107). C’est pourquoi, Hortensius, s’il m’est permis de vous donner un conseil, je vous en avertis, prenez-y garde, considérez bien ce que vous faites, dans quel pas vous vous engagez, de quel homme vous prenez la défense, par quels moyens vous le.défendrez. Je ne prétends point mettre des entraves à votre talent, je n’empêche pas que vous ne m’opposiez toutes les ressources de votre éloquence ; mais si