Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/211

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vous comptez faire jouer dans l’ombre des ressorts étrangers à la cause ; si c’est l’adresse, l’intrigue, la puissance, le crédit, l’or de l’accusé, que vous vous proposez de mettre en œuvre, je vous conseille sérieusement d’y renoncer. Quant aux menées que votre client a déjà essayées, elles n’ont point échappé à ma vigilance ; je les connais. Ainsi, je vous en préviens, arrêtez-le, et ne souffrez pas qu’il aille plus avant. Toute prévarication commise dans cette affaire aurait des suites funestes pour vous, oui, plus funestes que vous ne pensez.

Si vous vous imaginez être indépendant de l’opinion publique, parce que vous avez parcouru la carrière des honneurs, et que vous êtes consul désigné, croyez-moi, ces distinctions brillantes, ces bienfaits du peuple romain, ne se conservent pas moins difficilement qu’on les obtient (108). La république, tant qu’elle l’a pu, tant qu’elle y a été contrainte, vous a laissé dominer comme autant de rois dans les tribunaux (109), ainsi que dans toutes les autres parties de l’administration ; mais le jour où le peuple a recouvré ses tribuns, votre règne a fini, vous ne devez pas l’ignorer. En ce moment tous les yeux sont ouverts sur chacun de nous, pour connaître à la fois et la loyauté de l’accusé, et l’équité des juges, et l’esprit de votre défense.

Pour peu que l’un de nous s’écarte de son devoir, ce ne sera pas cette voix secrète de l’opinion, que ceux de votre ordre se faisaient auparavant un jeu de mépriser, qui le condamnera, mais le jugement sévère et libre du peuple romain. Je vous le dis, Hortensius (110), vous ne tenez à Verrès ni par les liens du sang ni par ceux de l’amitié ; ces considérations dont vous cherchiez il y a peu de temps à couvrir l’excès de votre zèle à l’occasion de certain